SACRÉS GAULOIS !

topless muscular manSans doute savez-vous (ou peut-être pas) qu’il y a 2000 ans, quatre choses étaient nécessaires à la fabrication d’une monnaie : un gros marteau, une paire de coins gravés en creux (un pour l’avers, un pour le revers), un flan et de gros bras. De très gros bras. Comme le jeune homme, là, à gauche…

Le flan (une petite rondelle de métal vierge) était placé sous le coin, calé, et vlan ! Un préposé bien costaud assénait un grand coup de marteau pour reproduire sur le flan le motif qui était gravé sur le coin. 

Au fur et à mesure de leur utilisation, les coins s’usaient ou, pire, se fendaient, les rendant tout à fait inutilisables.

Il fallait bien alors se résoudre à les remplacer.

Si vous habitiez à Rome, ou à Athènes, cela ne posait aucun problème car les artisans/artistes étaient nombreux monnaie_romainemais en Gaule, à l’époque… c’était une autre paire de manches !

Les Gaulois avaient certes beaucoup de qualités mais la gravure monétaire n’en faisait pas encore partie, du moins pas aux débuts de la colonisation romaine. Mettez-vous un peu à leur place : analphabétisme et troc étant de mise, quel besoin avait-on de maîtriser cet art étrange ?

Donc, lorsqu’un coin cassait en territoire gaulois, les romains ne prenaient aucun risque. Les livraisons express Italie/Gaule en 24h n’étant pas encore tout à fait au point, commande urgente de coins était passée au forgeron du village gaulois le plus adroit avec, pour instruction sine qua non, de les refaire “à-l’i-den-ti-queuh !”.

On imagine l’insigne honneur que cela devait être pour le brave artisan qui, ne sachant lire, s’appliquait avec minutie à sa copie en suivant les instructions romaines  “à-la-let-treuh !”.

Et c’est ainsi qu’apparaissent quelques rares monnaies comme celle que vous pouvez voir ici, de belles effigies apolloniennes à la joue ornée d’une superbe et virile balafre — un type de monnaie qu’en numismatique on appelle pudiquement « l’homme à la branche d’aulne ».

homme_a_la_branche_daulnePourquoi cette balafre ? Un signe tribal ? Un tatouage ? Un message caché ?

Beaucoup d’encre a coulé en 2000 ans, experts et collectionneurs éclairés y allant tous de leurs “savantes théories”, avant que l’on ne réalise qu’il s’agissait tout simplement d’une grosse boulette !

Si !

Ignorant tout des “choses monétaires” et analphabète de surcroît, le pauvre le forgeron en charge de refaire le coin, craignant sans doute qu’il ne s’agisse d’un détail important qu’il était incapable de comprendre, avait reproduit non seulement la pièce mais aussi… la marque de la fêlure !

 Quels parangons de discipline, ces Gaulois !

 Cristina Rodríguez

 Un grand merci affectueux à mes amis Dominique Hollard et Michel Dhénin, du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale de France.

 

Photos : Frédéric Neuwald et “123rf”

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