LE MEDIUM (Ces critiques qui nous critiquent)

elnur

Vous est-il déjà arrivé de lire la critique de l’un de vos romans et de vous demander, en la terminant :

 

Mais… de quel livre parle ce type ?

 

Oui ? Alors c’est que vous avez eu affaire à l’un des critiques les plus amusants que vous puissiez trouver. Celui qui connaît (ou, plutôt, croit connaître…) votre prose, vos intentions, vos désirs et vos appréhensions mieux que vous !

 

J’ai nommé…

LE MEDIUM !

 

Alors lui, c’est un phénomène !

 

Ni méchant, ni mal intentionné, il est tellement passionné, et persuadé que vous avez truffé votre “œuvre” de clins d’œil, de sous-entendus, de références et d’allusions diverses qu’il est certain d’avoir repéré plein de choses… là où il n’y a rien.

 

Lorsque le medium use de sa plume, ou de son clavier, vous lisez sa critique en regardant votre reflet dans la glace et en vous demandant si vous ne vous seriez pas réincarné, à votre insu, en une sorte de créature hybride mi-Proust/mi-Yourcenar.

 

Pour peu que vous vous laissiez emporter par les envolées de notre medium, vous aurez même l’impression de vous voir déjà vêtu du costume à feuilles de salade, du bicorne et de l’épée de panoplie de Zorro.

 

Mais attention, la voyance littéraire a aussi ses victimes ! Certains naïfs plumitifs croient VRAIMENT à ces critiques.

 

Si !

 

Et c’est ainsi que l’on se retrouve avec de grands auteurs incompris qui, exaltés par quelques critiques médiumniques, se voient plonger dans les affres du désespoir lorsque la dure réalité leur revient dans le baba comme un parpaing. Il y en a plein les salons du livre !

 

Oh, bah… J’comprends pas, j’ai de super critiques et j’ai même pas vendu un bouquin ! Y’a que des bouseux incultes, à ce salon, ou quoi ?”

 

Ouais… Ça doit être ça. Allez, reprends un biscuit !

 

Là où ça devient beaucoup moins drôle, c’est quand vous avez affaire à un medium en direct à la radio car ça peut donner de grands moments de solitude comme celui-ci :

 

Lui : Madame Rodríguez, ce léopard, qui accompagne votre héros, le centurion du prétoire Kaeso…

Moi : C’est une femelle. Io.

Lui : Précisément ! Une femelle léopard qui accompagne un soldat – un guerrier – et qui, disons-le franchement, est une sacrée petite coquine !

Moi : Oui, elle est très cachotière.

Lui : Féminin/masculin ; sauvage/civilisé ; domination/soumission… Pensez-vous que vos lecteurs saisissent toujours la subtilité de la chose ?

Moi : Pardon ?

Lui (avec un air complice) : Cette symbolique mâle/femelle ; civilisation/anarchie…

(Grand silence)

Moi : Euh… Je crois que c’est moi qui ne saisis pas bien le sens de votre question.

Lui : Cette femelle léopard, IO… Quel est son rôle, dans votre roman. (Gros clin d’oeil couplé d’une grimace entendue) Son VRAI rôle, s’entend.

Moi : Euh… C’est l’animal de compagnie du héros ?

(Deuxième grand silence)

 Lui : Oui. Oui, bien sûr. Parlons à présent de la cousine de ce même héros, la jolie Concordia. Elle mène son parent par le bout du nez, on peut le dire ! On sent immédiatement, dès sa première apparition, cette volonté d’émancipation, cette extraordinaire soif de féminisme qui la caractérise ! Une militante, notre Concordia ?

(Nouveau silence embarrassé)

Moi : Vous savez, le féminisme, à Rome, il y a 2000 ans…

 

Oui, un grand moment de solitude…

 

Mais l’analyse de notre medium ne s’arrête pas à votre livre, non, non, non !

 

Il a TOUT découvert, vous dis-je ! Vous n’avez plus de secret pour lui ! Et il ne se gênera pas pour faire étalage de ce qu’il croit savoir (ou avoir deviné) lorsqu’il esquissera votre portrait. Un portrait dans lequel il sera le seul à vous reconnaître, certes, mais, pour quelques instants, vous aurez l’impression d’être exceptionnellement intelligent et subtil et ça… ça n’a pas de prix !

 

Bon, d’accord, l’ennui d’une critique de medium, c’est qu’elle a tendance à rebuter les lecteurs éventuels car on n’y entrave que tchi mais on ne peut pas tout avoir, dans la vie. Les génies sont des gens incompris, c’est bien connu !

 

La prochaine fois, nous parlerons d’un autre phénomène assez sympathique, lui-aussi : GOOGLEMAN !

 

C. Rodríguez

Photo : Elnur

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Et retrouvez Cristina Rodríguez sur sa page facebook : https://www.facebook.com/cristina.rodriguez.auteur

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