L’Enfer, c’est “les autres” !

honore_daumierC’est l’heure du coup de gueule ! ^___-

Quelqu’un disait, il y a quelques mois : “Non, vos enfants ne sont pas hyperactifs ; ils sont juste chiants et mal élevés !”.

Allez… Ne tordez pas votre joli nez de bienpensant outré, rangez votre indignation apprêtée et avouez que, vous aussi, vous avez pensé ça des dizaines de fois !

L’auteur de cette petite pique était probablement aussi excédé que moi par cette nouvelle habitude très tendance qui consiste à excuser son mal-être ou son incompétence chronique en brandissant, tel un bouclier, la pseudo-affection psychologique… des autres !

Et la tendance semble perdurer car, en l’espace de 4 mois, j’ai – encore ! – reçu pas moins 7 services de presse et une bonne quinzaine de mails pour m’annoncer des livres, des conférences ou des articles sur le thème de la manipulation mentale et des personnalités dites “toxiques”.

Ce cirque commence sérieusement à me taper sur les nerfs, d’autant plus que chacun y va de son petit témoignage.

“Je ne suis pas un mauvais père, c’est mon gamin qui est hyperactif !” ; “Je ne suis pas une emmerdeuse mal dans sa peau, c’est mon compagnon qui est un pervers narcissique !” ; “Je ne suis pas incompétente, c’est ma manager qui a une personnalité toxique et me fait perdre tous mes moyens !”.

Et les petits hommes verts ? Non ? Ils ne perturbent pas vos ondes cérébrales, avec leurs rayons alpha ? Dépêchez-vous de mettre un saladier recouvert de papier alu sur votre tête, il paraît que ça limite la casse.

Non mais franchement, merde, quoi !

Blogs, sites, bouquins, articles, tests, communications à l’emporte-pièce sur les réseaux sociaux, ça n’arrête pas !

“Votre mari est-il un PN ?”

“Votre enfant est-il hyperactif ?”

“20 indices pour reconnaître une personnalité toxique.”

Les méchants sont partout autour de nous, bouh ! Parce que nous, bien sûr, nous ne sommes que d’innocentes victimes !

Si nous ne réussissons pas, si nous n’y arrivons pas, c’est forcément la faute des autres. Ces autres qui nous oppriment, nous manipulent, prennent plaisir à nous faire souffrir. Quelle autre explication pourrait-il y avoir à notre mal-être et à nos échecs, nous qui sommes si aimants, honnêtes et talentueux ? Quelqu’un nous fait perdre nos moyens, c’est certain !

C’est plus facile, n’est-ce pas ?

À une lointaine époque, lorsque vous laissiez brûler le dîner, on disait que c’était l’œuvre du Diable. Aujourd’hui, le Diable, c’est votre mari “PN” (ou de votre gosse “HYAC” ; ou de votre patronne “toxique”…), qui vous a “pollué” l’esprit ou vrillé les nerfs au point d’avoir fait brûler le dîner.

Vous voulez que je vous dise ? Banaliser des affections aussi graves (et très rares, quoi qu’on essaye de nous faire croire) dans le seul but de rassurer ou de se rassurer (ou encore de vendre un torchon ou de faire parler de soi) c’est faire insulte à ceux QUI SOUFFRENT RÉELLEMENT de ces maux ou en subissent directement les terribles conséquences.

Pire : cela nous donne une excuse, un prétexte, pour faire encore moins d’efforts et éviter de nous remettre en question.

 

Cristina Rodríguez (gueularde noctambule)

 

Je vous invite à lire l’article écrit par Emilie Seguin : Les « pervers narcissiques » ou le triomphe d’un concept flou

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